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Le fait de féliciter les non musulmans pour leurs fêtes et d’y participer

Beaucoup de questions me sont parvenues, de la part des musulmans convertis, à propos de la participation au repas de Noël avec leurs parents non musulmans. C’est la raison pour laquelle je vais essayer par l’intermédiaire de cet article d’apporter une réponse dans le but d’éclairer et d’apaiser un certain nombre de frères et de sœurs, selon l’islam du juste milieu, loin de tout excès.

Le texte de cet article ne concerne que la fête de Noël. Toutefois, l’approche s’applique à toutes les fêtes chrétiennes, juives ou même d’autres religions.

L’article est relativement long car j’ai voulu apporter beaucoup d’explications et d’arguments afin de défaire l’idée d’interdit qui a été répétée pendant plusieurs années, jusqu’au point qu’il est devenu aujourd’hui presque impossible de s’en détacher.

Le plan de cet article s’articulera autour des points suivants :

  • Introduction
  • La rupture des liens de parenté
  • Le repas de Noël
  • Le vin
  • Les cadeaux
  • L’intention de la participation 
  • Avertissement 
  • Les félicitations échangées lors des fêtes 
  • Discussion des avis interdisant la participation au repas familial ou la félicitation des non musulmans lors de leurs fêtes 
  • Conclusion.

 

Introduction :

On remarque qu’en France, Noël est l’une des fêtes les plus importantes. Malheureusement, pour certaines familles, quand leur enfant est converti à l’islam, cette fête se passe dans des conditions difficiles aussi bien pour la famille que pour le converti. En effet, la famille vit mal le refus de l’enfant de participer au repas de la fête, alors que ce problème n’existait pas avant sa conversion à l’islam. Du coup, la famille voit ce changement comme une rupture douloureuse. Au même moment, l’enfant converti ressent que sa participation à une telle fête non musulmane est contraire à ses nouvelles convictions. Surtout quand il lit ou entend des fatwas comparant la participation à cette fête à de l’associationnisme, faisant d’elle un péché majeur. Son cœur se retrouve déchiré entre son désir de satisfaire sa famille et sa volonté de respecter sa foi musulmane. Du coup pour la famille non musulmane et pour l’enfant converti à l’islam, la période de Noël devient un moment de tension, d’angoisse et de division au lieu d’être un moment de joie, d’amour et d’unité familiale. 

En parallèle, un certain nombre d’imams français ne font que répéter les fatwas, célèbres et importées de l’étranger, interdisant le fait de souhaiter une bonne fête aux non musulmans à l’occasion de Noël ou d’y participer. De même, la quasi-totalité du contenu se trouvant sur internet ne propose que des fatwas allant dans le sens de l’interdiction.

Au bout du compte, l’islam apparaît pour les familles non musulmanes comme le seul et unique responsable de la rupture des relations avec leurs enfants. Ce qui amplifie la vague islamophobe qui traverse l’Europe de bout en bout suite aux actions terroristes, perpétrées ces dernières années. Au final, l’islam est diminué dans cette affaire car il apparaît pour beaucoup d’occidentaux comme une source de mal, de haine et de rupture familiale. De même, les musulmans vivant en Europe, apparaissent comme infréquentables, incivilisés et inhumains. Malheureusement, tout cela altère l’image de l’islam et fait de cette belle religion ce qu’elle n’est pas. N’oublions pas que l’islam est par excellence une religion d’amour, de douceur, de fraternité, de partage, de générosité, de pardon, de miséricorde et de liberté. Toute personne qui participe, de près ou de loin, à altérer l’image de l’islam est responsable de son acte devant Dieu et commet par-là une grave erreur.

 

La rupture des liens de la parenté :

Maintenant, posons-nous la question suivante : « L’islam est-il vraiment responsable de la rupture familiale précitée ci-dessus ? ». Pour répondre à cette question, revenons directement aux textes coraniques et prophétiques pour les analyser de près et pour en extraire une réponse apaisante sans mettre entre nous et ces textes le jugement d’autres personnes qui pourraient les interpréter selon leurs propres contextes et qui risqueraient, par cet acte, de nous éloigner de la miséricorde musulmane.  

Dieu dit dans un verset coranique : « Mais qui sait si, en tournant le dos, vous n’allez pas semer la corruption sur terre et rompre les liens de la parenté ? Ce sont ceux-là que Dieu a maudits. Il les a alors rendus sourds et a rendu leurs yeux aveugles » (C47-V22/23). 

Dieu a mis en garde, dans ce verset, contre la rupture des liens de parenté et a placé ces derniers au même niveau que la corruption sur terre, tout en rappelant que ceux qui commettent de tels actes méritent Sa malédiction. Ce qui signifie que les liens de la parenté sont sacrés en islam, que leur rupture soulève la colère divine, et que seuls les maudits par Dieu vont jusqu’à les rompre. 

Par ailleurs, un hadith prophétique confirme cette compréhension en soulignant que le jour où Dieu finit la création, Il dit aux liens de la parenté :

« N’accepteriez-vous pas que Je renforce le lien avec ceux qui vous maintiennent et que Je le rompe avec ceux qui vous coupent ? ». Ils répondirent : « Si ». Dieu conclut alors : « C’est chose faite ». Suite à cela, le Messager de Dieu (SSSL) s’appuya sur ce récit pour proposer une interprétation du verset, précédemment cité, C47-V22/23 (hadith unanimement authentique, rapporté par Bukhari et Muslim). 

De plus, un hadith prophétique nous rappelle d’une manière claire et univoque :

« Quiconque rompt les liens de la parenté n’entrera pas au Paradis » (hadith unanimement authentique, rapporté par Bukhari et Muslim). Ce qui explique que la rupture de ces liens éloigne du Paradis et mène vers l’Enfer. Cela fait automatiquement du renforcement de ces liens, une des plus grandes obligations en islam. 

Maintenant la question qui se pose est la suivante : « L’islam a-t-il interdit la rupture des liens de parenté uniquement avec une famille musulmane ou bien l’a-t-il interdite même avec la famille non musulmane ? ». Heureusement pour nous c’est Dieu même qui répond à cette question par un verset coranique :

« Nous avons recommandé à l’homme [la bienveillance envers] ses parents. Sa mère l’a porté [en subissant pendant la grossesse] peine sur peine. Puis son sevrage se fait au bout de deux ans. ‘‘Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents ! Vers Moi est la destination. S’ils te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, ne leur obéis point et tiens-leur compagnie dans ce bas monde selon la bonne coutume’’ » (C31-V14/15). 

Dans ces deux versets, Dieu a recommandé la bienveillance et la gratitude envers les parents, musulmans ou non musulmans, en les plaçant à un rang qui vient juste après celui de Dieu.  

Par contre, l’enfant ne doit pas leur obéir quand ils le forcent à les suivre dans leur associationnisme (la pluralité des dieux). Cependant, comme l’islam est venu pour effacer l’associationnisme, qui est le plus grand péché, on s’attendait à ce que Dieu ordonne à l’enfant musulman subissant une telle contrainte de la part de ses parents non musulmans, de rompre tous les liens avec eux.

Mais Dieu nous surprend en conseillant à un tel enfant de les accompagner dans ce bas-monde selon l’excellence musulmane. Ce qui signifie que la rupture des liens de la parenté est interdite en islam même si les parents sont non musulmans. Autrement dit, rien ne justifie la rupture. Car si l’enfant, d’après le verset coranique, ne doit pas couper la relation avec ses parents qui le forcent à commettre le plus grand péché, celui-ci doit comprendre que cette rupture est d’autant plus interdite quand ils lui demandent de faire un péché inférieur à l’associationnisme. Notons que la réponse de l’enfant face à la contrainte parentale doit être faite avec beaucoup de délicatesse, de gentillesse, de douceur, et surtout en utilisant la bonne parole et la meilleure attitude. Cela afin de ne pas leur causer de mal, mais sans pour autant les suivre dans ce qu’ils proposent. En dehors de ces circonstances, les relations avec les parents doivent être cordiales et exemplaires. 

Pour le rappel, Dieu ordonne aux enfants musulmans la grande obéissance à leurs parents dans un verset coranique noble et sublime :

« Et Ton Seigneur a décrété : ‘‘ N’adorez que Lui, et soyez bienveillants à l’égard de vos parents ! Si l’un d’eux ou tous les deux atteignent chez toi la vieillesse, ne leur dis point : « Fi ! », ne les brusque pas et tiens-leur une parole douce ! Et par miséricorde, abaisse pour eux l’aile de l’humilité, et dis : « Ô Mon Seigneur ! Fais-leur miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit !»’’ » (C17-V23/24). 

Il est dommage que cette grande beauté de l’islam soit altérée, masquée et rendue invisible pour les non musulmans à cause des actes et des paroles de certains musulmans ! 

Comme nous venons de voir, d’après les textes coraniques et prophétiques, que la rupture des liens de parenté est strictement interdite en islam et que la bienveillance envers les parents est une grande obligation, on ne doit donc pas prendre cette religion musulmane pour responsable de la détérioration des relations familiales précitées ci-dessus. Le responsable demeure plutôt la mauvaise compréhension qu’ont les gens de l’islam. Il est nécessaire de rappeler ici que toute personne qui encourage la rupture des liens entre un musulman converti et ses parents non musulmans est responsable devant Dieu de ses agissements.

 

Le repas de Noël : 

Après cette introduction axée autour de l’interdiction de la rupture des liens de la parenté en islam, rappelons que la fête de Noël en France se compose de deux volets : un volet culturel et un autre religieux. Le premier volet culturel se traduit par un repas familial et une distribution de cadeaux, alors que le volet religieux se traduit par des actes cultuels. 

Il est évident que le musulman ne peut pas participer à la partie cultuelle de cette fête ayant pour source la religion chrétienne, tout comme il est inconcevable que les parents chrétiens demandent à leurs enfants musulmans de les accompagner dans leurs prières chrétiennes. Exactement, comme l’enfant musulman ne peut pas demander à ses parents chrétiens de participer à sa prière musulmane. Cette idée n’est même pas supposée lui traverser l’esprit car l’agrément d’une prière par Dieu nécessite l’appartenance du prieur à la même religion. Par exemple, la prière musulmane n’est valide que lorsque le prieur est musulman. Le problème ne se pose donc pas dans cet aspect de la question. 

Reste que la famille non musulmane se rassemble, lors de cette grande fête, autour d’un repas avec une distribution de cadeaux. Est-il convenable que l’enfant musulman s’absente à ce repas familial qui n’est pas accompagné d’une pratique cultuelle ? Est-il convenable que l’enfant musulman n’accompagne pas ses parents lors de cet événement, alors qu’il mange avec eux d’habitude ? Est-il raisonnable que l’enfant musulman prive ses parents lors de ce moment, important à leurs yeux, de sa présence et de sa gentillesse ? Cela au moment même où Dieu lui recommande de bien les accompagner dans ce bas-monde et de les combler de sa douceur et de sa bienveillance ! Qu’est-ce qui motive son absence à un repas offert par des parents qui aiment le voir avec eux et qui veulent lui donner un cadeau ? Depuis quand manger chez ses parents ou recevoir un cadeau de leur part est une chose interdite en islam ? Cet acte d’absence le jour de la fête culturelle ne constitue-t-il pas une rupture des liens de parenté ? Dieu et Son Messager (SSSL) n’ont-ils pas bien mis en garde les musulmans contre une telle rupture ?

Souvent les enfants, en s’absentant à ce repas familial, croient bien faire conformément aux interprétations les plus fréquentes, alors même qu’ils sont, par leur acte, en train de mal agir en rompant inconsciemment le lien que Dieu leur a demandés de renforcer. 

Dès lors, la question suivante s’impose : « Est-il interdit au musulman de manger un repas quelconque ? ». C’est Dieu qui répond à cette question dans un verset coranique demandant à Son Messager (SSSL) de nous le transmettre :

« Dis : « Je ne trouve dans ce qui m’a été révélé d’autre interdit touchant les aliments susceptibles d’être consommés que celui qui frappe la bête morte (sans abattage rituel), le sang répandu et la viande de porc, car leur consommation constitue une souillure. De même qu’il est illicite de manger la viande provenant des bêtes sacrifiées, par perversité, à de fausses divinités. Cependant, celui qui est contraint d’en user, par nécessité et non par désobéissance ni désir de pécher, ton Seigneur ne lui en tiendra pas rigueur, car Il est Clément et Miséricordieux » (C6-V145). 

De même Dieu nous dit :

« Vous est permise la nourriture des gens du Livre, et votre propre nourriture leur est permise » (C5-V5). Ainsi, la nourriture des gens du Livre (les Juifs et les Chrétiens) est autorisée aux musulmans, tant que celle-ci remplit les conditions de l’avant dernier verset coranique (C6-V145).

De ce que nous avons vu jusqu’à présent, la rupture des liens familiaux est interdite et le repas est permis sous certaines conditions. Ce qu’il faut faire donc, est l’instauration d’un dialogue calme, doux et respectueux entre l’enfant musulman et ses parents. Pendant lequel, l’enfant montre son attachement à ses parents et sa volonté de les accompagner dans cette vie ici-bas avec bienveillance et avec plaisir. Ce sont ses parents, quand même ! Et il n’en a pas d’autres ! De même, c’est leur enfant ! Que la différence religieuse ne soit pas une source de rupture !

Seulement ce dialogue doit être fait suffisamment en amont des fêtes, de sorte à ce que l’enfant explique à ses parents ses contraintes religieuses. Car il ne peut pas manger n’importe quelle viande en dehors du halal ou du poisson. Souvent, les parents non musulmans se montrent respectueux et attentifs à la demande de leurs enfants car ils veulent vivre ensemble lors de ce repas et refusent la rupture des relations ou la déchirure de la famille. Et souvent, c’est avec plaisir qu’ils achètent la viande halal ou le poisson pour satisfaire la demande de l’enfant. 

 

Le vin :

Cependant un seul problème persiste, à savoir la présence du vin à table. L’enfant musulman trouve un grand embarras à se tenir là où il y a du vin. Car Dieu nous dit dans un verset coranique :

« Ô vous qui croyez ! Les boissons alcoolisées, les jeux de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires ne sont autre chose qu’une souillure diabolique. Fuyez-les ! Vous n’en serez que plus heureux ! Le démon n’a d’autre but que de semer, par le vin et le jeu de hasard, la haine et la discorde parmi vous, et de vous éloigner du souvenir de Dieu et de la prière. Allez-vous enfin renoncer à ces pratiques ? » (C5-V90/91).

Ces versets coraniques ont interdit pour le musulman la consommation du vin ainsi que le fait de s’en approcher (sans le boire). Par contrecoup, le musulman ne peut pas être à proximité du vin ou autour d’une table où le vin est servi.

Il devient donc recommandé au musulman lors du dialogue à propos de la viande halal, de discuter aussi de l’absence du vin durant le repas. S’il arrive à obtenir la promesse parentale de l’absence du vin pendant le repas, il aura ainsi réussi à supprimer toutes les gênes susceptibles de nuire à sa présence lors de ce repas. Il pourra donc y assister avec ses parents. Puis, après son départ, ces derniers pourront consommer le vin. Par conséquent, au lieu d’interdire à un musulman converti à l’islam la présence au repas de Noël, il vaut mieux lui expliquer les conditions qui rendent cette présence autorisée.

Cependant, il se peut que la famille n’accepte pas l’absence du vin pendant le repas ou bien il se peut que l’enfant n’ose même pas évoquer ce point, car il sait par exemple l’attachement de sa famille à la présence du vin sur la table pendant le repas de Noël. Dès lors, s’il est impossible de convaincre les parents de retirer le vin pendant le repas, et si l’absence de l’enfant à ce dernier mène inévitablement à la rupture des relations avec ses parents, alors à ce moment-là uniquement et avec ces deux conditions réunies, l’enfant peut s’asseoir avec sa famille, d’une manière exceptionnelle, malgré la présence du vin sur la table.

Cette solution proposée de cette manière pourrait choquer certains musulmans. C’est pourquoi, elle nécessite une bonne explication. Pour cette raison, je rappelle un principe utilisé par les jurisconsultes musulmans :

« Ce qui est interdit pour sa propre essence (intrinsèque) ne devient autorisé qu’en cas de nécessité (vitale), alors que ce qui est interdit pour autrui (extrinsèque) devient autorisé pour le besoin ». Ce qui est interdit pour sa propre essence, comme le vin vu qu’il donne l’ivresse, ne devient autorisé que dans le cas d’une nécessité vitale. On peut parler là d’un interdit primordial, absolu ou intrinsèque. Par exemple, une personne qui a un aliment bloqué dans la gorge, et n’a à disposition aucun liquide à part le vin, a le droit, ou plutôt le devoir, de boire la quantité minimale de vin qui lui permet de faire descendre l’aliment vers l’estomac afin de sauver sa vie. Sans pour autant avoir le droit de boire plus que le strict minimum. En effet, la nécessité vitale autorise l’interdit absolu, qui est le vin dans notre cas. Il faut savoir que celui qui a autorisé l’interdit absolu en cas de nécessité n’est autre que Dieu : « Cependant, celui qui est contraint d’en user, par nécessité et non par désobéissance ni désir de pécher, ton Seigneur ne lui en tiendra pas rigueur, car Il est Clément et Miséricordieux » (C6-V145). 

Après avoir cité les interdits absolus – que sont le porc, le sang et la bête morte sans abattage rituel – Il a fait une exception en cas de contrainte (nécessité vitale).

Par conséquent si les parents demandent à leur enfant de faire l’interdit absolu, boire le vin par exemple, celui-ci ne doit pas leur obéir car il n’y a pas dans ce cas une nécessité vitale qui autorise cet acte :

« S’ils te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, ne leur obéis point et tiens-leur compagnie dans ce bas monde selon la bonne coutume’’ » (C31-V14/15).

Par contre, l’interdit pour autrui, comme le fait de s’approcher du vin ou d’être dans un endroit où le vin est présent, est illicite afin de ne pas commettre l’interdit absolu qui est de boire le vin. En réalité, tout ce qui mène à l’illicite (absolu) est interdit. On peut parler là d’un interdit extrinsèque, relatif ou secondaire. Seulement, l’illicite relatif qui mène à l’interdit absolu est autorisé en cas de besoin. Par exemple, une personne est en voyage, et trouve un restaurant dans le désert, où il y a du vin. La prochaine ville est à 300 km par exemple. Cette personne a besoin de manger, tout en sachant qu’elle peut patienter mais non sans difficultés jusqu’à la prochaine ville. Pour le rappel, l’entrée au restaurant n’est pas illicite en principe, mais relativement au vin, elle l’est devenue. On dit donc à ce voyageur que ce besoin de manger l’autorise à entrer au restaurant malgré la présence du vin. Autrement dit, entrer dans ce restaurent où le vin est présent est un interdit relatif, ou extrinsèque, qui est pardonné en cas de besoin ou de gêne. 

Pour clarifier davantage l’esprit de cette règle, je vais prendre un exemple du Prophète (SSSL). Lors de l’an 7 de l’hégire, Il a fait (SSSL) la Omrah (petit pèlerinage), soit une année avant la conquête de la Mecque par les musulmans. Il est resté avec les musulmans trois jours dans la Mecque avant de la quitter sur la demande des associateurs qui lui ont rappelé le délai convenu, malgré son désir de prolonger son séjour.

Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le Prophète (SSSL) a fait sa Omrah ainsi que ses compagnons, au nombre de 2000 hommes, au milieu de centaines de statues, se trouvant dans l’esplanade de la Kaaba. Par ailleurs, la Mecque n’étant pas encore musulmane, et compte tenu de l’attachement des arabes de l’époque pour la consommation du vin, nous pouvons également en déduire la présence de ce dernier, dans la ville, tout au long de ce petit pèlerinage. Cela, alors même que le verset de l’interdiction de s’approcher du vin et des statues a été révélé, selon la majorité, en l’an six de l’hégire (c’est-à-dire une année auparavant).  

Notons qu’il n’y avait à l’époque aucune nécessité vitale pour justifier cette visite de la Mecque qui était sous l’autorité des associateurs. C’est le besoin de faire la Omrah qui a justifié cette visite au milieu des statues et dans un environnement où la consommation du vin est répandue.

Dans ce contexte, se posent les questions suivantes : « Pourquoi sont-ils venus faire la Omrah, alors qu’ils étaient au courant de la présence des statues autour de la Kaaba et du goût des arabes de la Mecque pour le vin ? Pourquoi Dieu, qui connaît l’avenir et qui savait que la conquête de la Mecque allait avoir lieu 10 mois plus tard, n’a-t-Il pas informé son Messager (SSSL) de retarder leur Omrah, afin de la faire dans de meilleures conditions ? ». La réponse commune à toutes ces questions, est que tout le monde savait qu’en islam le besoin autorise l’interdit relatif, ou extrinsèque. Certes, il est vrai qu’il est interdit de s’approcher des statues et du vin, mais le besoin des musulmans de faire la Omrah et de visiter la Mecque leur avait autorisés cet illicite relatif. D’autres questions me viennent à l’esprit : « Le Prophète (SSSL) et les 2000 musulmans qui l’accompagnaient lors de cette Omrah, étaient-ils responsables de la pratique des associateurs durant leur séjour dans la Mecque ? Par leur présence sur place, ne cautionnaient-ils pas la consommation du vin, grandement interdite en islam ? Leur présence silencieuse au milieu de l’idolâtrie ne signifie-t-elle pas un agrément de leur part de ce qui se passait autour d’eux ? Pourquoi sont-ils venus vers des associateurs qui célébraient tous les jours à côté de la Kaaba l’idolâtrie et les grands péchés ? ». La réponse commune à toutes ces questions, est que Dieu juge l’intention. Les musulmans étaient au centre de l’interdit, mais ils le refusaient par leurs cœurs. D’après l’équité de Dieu, ils ne sont donc pas responsables de ce qui se passait autour d’eux. De la même manière, nous ne pouvons pas tenir pour responsable le converti de l’ensemble des actes de sa famille durant la fête de Noël.

Attardons-nous davantage sur cette question du converti confronté à l’interdit relatif, à savoir la présence du vin sur la table du repas, avec des parents qui ne veulent rien céder et qui considéreraient le départ prématuré de leur enfant du lieu de la fête comme une rupture avec eux. Que doit-il faire ? Ecouter ses parents ou obéir à Dieu ? La réponse est d’obéir à Dieu qui lui a ordonné de ne pas couper avec ses parents ! Et qu’est-ce qu’il doit faire face au vin ? La réponse est que la présence dans les lieux où se trouvent le vin est un interdit relatif qui s’autorise en cas de besoin. Or il a besoin de ne pas couper avec ses parents !

Tout cela, nous conduit au fait que le musulman converti, ayant le BESOIN de participer au repas de Noël avec ses parents dans un but de ne pas rompre les liens de parenté, a le droit d’une manière exceptionnelle d’y assister malgré la présence du vin. Seulement, il ne doit pas prolonger sa présence plus que nécessaire.

 

Les cadeaux :

Etudions maintenant le cas des cadeaux échangés lors de ce repas. Est-il licite de les donner ou de les recevoir ? Y a-t-il des textes qui les interdisent ?

Pour répondre à cette question, nous avons un hadith prophétique qui dit :

« Offrez-vous des cadeaux (les uns aux autres), et vous allez vous aimer (plus) ! » (Hadith avec un bon niveau d’authenticité, rapporté par At-Tabarani, Ibnou Hajar, Al Iraqi, …).

Donc ce hadith nous invite à faire des cadeaux et précise qu’en retour, ce geste augmente l’amour. Ce qui signifie que le cadeau n’est pas interdit en islam, mais plutôt recommandé car il renforce les liens de parenté.

Mais une question pourrait être posée à ce moment-là : « Est-il permis de recevoir un cadeau de la part d’un non musulman ? ». Pour répondre à cette question, Bukhari nous rapporte que le Prophète (SSSL) a reçu en cadeau une mule blanche et un vêtement de la part du roi d’Aila. De même, d’autres récits affirment qu’il a reçu plusieurs cadeaux de la part de non musulmans. Ce qui montre l’autorisation de donner ou de recevoir des cadeaux en islam d’une manière absolue, des proches musulmans ou non, tant que ces cadeaux ne sont pas interdits en eux-mêmes (comme le vin par exemple).

 

L’intention de la participation :

Quelle est l’intention que doit avoir un musulman converti pour participer au repas familial à l’occasion de Noël ? 

Le musulman doit savoir qu’en islam, il n’y a que deux fêtes, celle du sacrifice et celle de la fin du Ramadan. Ces deux fêtes ont été recommandées par le Prophète (SSSL). Après sa mort, aucun musulman n’a le droit de rajouter une autre fête aux deux précédentes. Un tel acte constitue une innovation interdite en islam. D’ailleurs, le Prophète (SSSL) dit :

« Celui qui invente dans notre religion ce qui n’en fait pas partie, cela lui sera refusé » (Hadith unanimement authentique, rapporté par Bukhari et Muslim). 

De plus, un autre hadith prophétique précise que :

« Toute innovation est un égarement » (Hadith authentique, rapporté par Muslim et d’autres). 

Pour le rappel, l’islam interdit l’innovation au sein de la religion afin que cette dernière reste identique, à travers les siècles, à ce qu’elle était au temps du Prophète (SSSL). Ce qui assure aux générations à venir une religion authentique venant de Dieu, et non pas un culte altéré par les apports successifs des hommes. Par conséquent personne n’ose à partir de lui-même apporter un quelconque ajout à l’islam.

En effet, la participation du musulman au repas familial à l’occasion de Noël ainsi que les cadeaux qu’il donne à ses proches doivent être faits uniquement avec l’intention de renforcer les liens de la parenté conformément à la recommandation divine. En ce sens, un hadith prophétique dit :

« Les actions ne valent que selon les intentions » (Hadith unanimement authentique, rapporté par Bukhari et Muslim).

Partir chez les parents, avec l’intention d’accomplir le devoir de renforcer les liens de la parenté fait de cette participation une adoration de Dieu et une obéissance à Ses ordres.

Par contre le musulman converti ne doit pas partir avec l’intention de fêter Noël ou de donner des cadeaux à l’occasion de cette fête. Car dans ce cas, il tombe dans l’interdiction de l’innovation. Soulignons que les parents non musulmans ne s’intéressent pas à l’intention de leur enfant, tout en sachant que l’intention est invisible. Ce qui les intéresse est l’unité de la famille et la présence de leurs enfants autour d’eux. 

Je peux faire un parallèle entre la fête de Noël et une fête musulmane. Si des parents non musulmans veulent participer à la fête de leur enfant musulman, pour renforcer les liens de parenté avec lui. L’enfant ne va pas demander à ses parents de l’accompagner à la prière matinale de la fête, qui est destinée aux musulmans, alors que les parents ne le sont pas. Les parents viennent plutôt assister uniquement au repas de la fête accompagnés de leurs cadeaux. Le fait qu’ils soient présents le jour de cette fête avec leur enfant, ne fera pas d’eux des musulmans qui partagent l’esprit et la philosophie de cette fête musulmane. Tout simplement, ils seront venus avec l’intention de renforcer le lien familial et de passer avec leur enfant un moment convivial.

 

Avertissement :

Ce qui est autorisé aux musulmans convertis : à savoir participer avec leurs familles non musulmanes au repas familial, à l’occasion de Noël pour le besoin de ne pas rompre les liens de parenté, n’est pas autorisé aux musulmans ordinaires qui n’ont pas de familles non musulmanes. Nous avons vu ci-dessus l’interdiction de rajouter une autre fête en islam. Faire la fête est une adoration et une obéissance à Dieu qui nous a ordonnés cet acte deux fois par an. Il est clair qu’on ne peut pas l’adorer avec une fête non prescrite par Lui, comme on ne peut pas inventer une fête pour l’adorer sans tomber dans l’innovation interdite. De plus, un hadith prophétique nous dit :

« Celui qui imite un groupe de gens, en fera partie » (Hadith avec un bon niveau d’authenticité, rapporté par Abou Daoud, Ahmad, Ibnou Hibban, …). 

Ce qui signifie que l’imitation des autres dans le cadre de leur religion, et de leur croyance notamment, fait sortir de l’islam, car la personne fera partie du groupe imité. C’est la raison pour laquelle un musulman, ne peut pas faire les fêtes religieuses non musulmanes, comme les autres ne font pas les fêtes musulmanes. D’ailleurs, un verset coranique dit :

« A vous votre religion et à moi la mienne » (C109-V6).

Ce verset instaure une règle du vivre ensemble basée sur la liberté, le respect et la tolérance. Le non musulman vit sa religion comme il l’entend selon ses propres convictions, et dans la même société le musulman vit sa religion avec les mêmes droits que les autres concitoyens. 

 

Les félicitations échangées lors des fêtes :

Le musulman converti a le droit de féliciter ses parents ou ses proches non musulmans lors de leurs fêtes. Cela rentre dans le cadre de la bienveillance et de la parole douce que Dieu lui a prescrites dans les versets (vus ci-dessus). On ne peut pas prétendre à la bienveillance, rendue obligatoire par Dieu, si le jour de la grande fête, on prive les parents des félicitations qui s’imposent. 

De même, les musulmans ordinaires (non convertis) ont le droit de féliciter les non musulmans lors de leurs fêtes, comme leurs belles familles, leurs voisins, leurs collègues de travail ainsi que les gens qu’ils connaissent. Cela rentre dans le cadre du bon voisinage recommandé en islam. D’ailleurs, Dieu ordonne aux musulmans dans un verset coranique :

« Et parlez aux gens avec bonté ! » (C2-V83). 

Où se trouve la bonté dans notre parole, quand on prive les gens qu’on connait de nos félicitations lors de leurs fêtes ?

Il est dommage qu’on ne comprenne pas bien notre belle religion ! Car alors, on fait du tort avec l’intention de bien faire ! Par conséquent, on vit dans la gêne et on montre aux autres un mauvais visage de l’islam ! N’oublions pas qu’on est responsable de notre attitude dans le cas où celle-ci porte préjudice à l’islam ! Dans notre belle religion, il y a les grands principes de l’amour, de la douceur, de la bienveillance, et de la bonté, mais malheureusement ces principes sont absents dans le comportement d’un certain nombre de musulmans ! On pense que la religiosité se résume uniquement à une pratique rituelle en oubliant qu’elle englobe au même titre la dimension relationnelle ! 

Il est bon de rappeler que beaucoup de savants musulmans contemporains ont autorisé le fait de féliciter les non musulmans lors de leurs fêtes. Parmi eux, on compte cheikh Mostapha Az-Zarqa, cheikh Youssouf Al Qardawi ainsi que la Maison Egyptienne de la Fatwa et le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche. 

 

Discussion des avis interdisant la participation au repas familial ou la félicitation des non musulmans lors de leurs fêtes :

Malheureusement ceux qui ont interdit la participation aux fêtes des non musulmans, ou le fait de les féliciter lors de ces fêtes, se sont basés sur des textes coraniques ou prophétiques sans tenir compte du contexte de ces textes. Or, il s’agit bien de textes parlant des associateurs de la Mecque ou de la péninsule arabique qui combattaient les musulmans à cette époque. Bien sûr, il est irraisonnable de participer, à l’époque, à la fête d’un ennemi ou bien de le féliciter, alors qu’il tue les musulmans. Une telle pratique est considérée comme une trahison ou une alliance avec l’ennemi. Tout en sachant que l’alliance avec l’ennemi est assimilée à la mécréance.

De même, ceux qui ont interdit avec ferveur, des siècles après le début de l’islam, la félicitation des non musulmans lors de leurs fêtes, vivaient eux aussi à leur époque une succession de guerres contre les non musulmans. Cela est bien conforme à la règle qui dit : « Les mêmes causes produisent les mêmes effets ». 

Par la suite, des savants contemporains ont repris les fatwas de ceux qui les ont précédés et les ont approuvées pour notre époque, sans tenir compte du fait que la fatwa en islam ne peut être figée, immuable ou éternelle, mais qu’elle change plutôt en fonction du contexte, du lieu et du temps. En effet, même les versets coraniques et les hadiths prophétiques ont évolué et ont changé selon le contexte et le lieu. Il y a par exemple une grande différence entre les textes mecquois et ceux de Médine. Comme il y a eu des textes qui ont autorisé un acte pourtant interdit auparavant dès lors que le contexte a évolué.

C’est pourquoi, beaucoup de savants ont autorisé à notre époque la félicitation des non musulmans à l’occasion de leurs fêtes, surtout pour les proches, les voisins ou les amis, car le contexte a effectivement changé. De même, dans certains pays, musulmans ou non, les musulmans vivent côte à côte avec des non musulmans liés par des rapports de voisinage, de travail, d’alliance par le mariage, d’étude dans les mêmes établissements, et ce, sans inimitié, ni contexte de guerre : ils sont tous réunis avec égalité au sein de la même société. Dans ce contexte, Dieu dit aux musulmans :

« Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Dieu aime ceux qui sont équitables. Mais Il vous interdit toute liaison avec ceux qui vous combattent à cause de votre religion, qui vous chassent de vos foyers, ou qui contribuent à le faire. Une telle alliance constituerait une véritable injustice. » (C60-V8/9). 

Ces versets parlent clairement de deux contextes différents et demandent aux musulmans d’avoir vis-à-vis des non musulmans un comportement adapté au contexte. 

Malheureusement, ceux qui interdisent à notre époque ne font aucune différence contextuelle et agissent seulement selon le contexte de la guerre du verset 9 du chapitre coranique 60 (vu ci-dessus) en oubliant ou en refusant le verset 8 du même chapitre. Or la lecture des textes doit être globale et complète et non pas partielle et partiale. La bienveillance et l’équité demandées dans le verset coranique (C60-V8) exigent d’exprimer ses vœux lors des fêtes conformément aux règles du vivre ensemble. De quelle bienveillance s’agit-il si je prive mon collègue de travail, mon voisin, mon médecin de famille, et les personnes qui m’entourent de mes félicitations alors que je les côtoie durant la période des fêtes ?

Parmi les arguments utilisés par ceux qui interdisent la participation aux fêtes des non musulmans, se trouve le hadith vu ci-dessus : « Celui qui imite un groupe de gens, en fera partie ». Bien sûr, ils utilisent ce hadith pour mettre en garde les musulmans contre le fait de célébrer les fêtes des non musulmans, que ce soit dans le monde musulman ou dans les pays où les musulmans sont minoritaires. Ils ont certes raison de le faire, car nous avons vu, ci-dessus, le danger et l’interdiction de tomber dans l’innovation. Malheureusement, ils placent tout le monde dans le même cas de figure. Or on ne peut pas généraliser cette recommandation à tous. Car Dieu a bien fait une exception aux musulmans dont les parents sont d’une autre religion. Il a ordonné à ces enfants d’être bienveillants vis-à-vis de leurs parents et de ne pas rompre avec eux, comme nous l’avons vu ci-dessus. 

Ce que je trouve franchement regrettable, c’est lorsque je vois certains savants contemporains reprendre des fatwas, faites il y a des siècles de cela, dans un contexte bien particulier, pour les annoncer aujourd’hui dans un autre contexte. Ce qui provoque beaucoup de troubles et de confusion, surtout quand certains, consciemment ou inconsciemment, importent ces fatwas en France.

Certains savants contemporains, par exemple, citent ce passage d’une fatwa ancienne d’Ibnou Al Qayyim, qui a vécu à Damas entre 1292 et 1350 du calendrier grégorien, que Dieu lui fasse miséricorde : « Quant aux félicitations adressées à l’occasion d’événements cultuels, spécifiques à la mécréance, elles sont unanimement interdites, comme le fait de féliciter les autres pour leurs fêtes ou leur jeûne en leur disant : « Que votre fête soit bénie ! », « Soyez heureux pendant cette fête ! » ou d’autres formules similaires. Celui qui tient de tels propos, même s’il évite la mécréance, n’en commet pas moins un acte interdit, aussi grave que le fait de féliciter quelqu’un de s’être prosterné devant un crucifix. Ceci est même un péché plus grave encore auprès de Dieu et plus ignoble que le fait de féliciter une personne pour avoir bu du vin, tuer autrui, commis l’adultère ou autre. Or beaucoup de personnes, qui n’accordent pas à la religion sa juste valeur, agissent de la sorte sans se rendre compte de la gravité de leur acte. Ainsi, quiconque félicite une personne pour avoir commis un péché, une innovation ou un acte de mécréance s’expose à la malédiction et la colère d’Allah ». 

On peut comprendre les propos de ce grand savant, dans leur contexte, qui a connu une instabilité et une succession de guerres contre les non musulmans, qui attaquaient le monde musulman. Il y a eu juste avant lui la chute de Bagdad et du Califat Abbasside par les Mongols qui ont conquis une partie du monde musulman (1258). De même, il y a eu, juste avant lui, et pendant deux siècles (1095-1291), des croisades sous la forme d’une succession d’expéditions de croisés qui ont occupé des villes musulmanes dont Jérusalem. Mais le fait de ressusciter aujourd’hui, après sept siècles, ces avis et de les diffuser, par exemple en France, dans un contexte différent de celui de l’imam Ibnou Al Qayyim est une erreur qui met dans l’embarras et la gêne les convertis ainsi que les musulmans français. Surtout ceux qui n’ont pas suffisamment de sciences religieuses pour pouvoir faire la part des choses et qui vont faire confiance à ce grand savant en adhérant aveuglément à sa thèse.

Prendre des propos d’autrefois chargés d’un contexte de guerre et d’inimitié et les répandre dans le contexte français de notre époque, reproduit de nouveau les tensions et les conflits. Car les musulmans contemporains vont voir leurs concitoyens non musulmans avec les yeux d’il y a sept siècles. Ce qui risquerait de produire une réaction similaire chez les concitoyens français non musulmans. N’oublions pas que celui qui joue ce rôle dangereux prend la responsabilité devant Dieu de toutes les conséquences désastreuses de son acte.

Un musulman qui félicite un concitoyen non musulman, au sein d’un pays pacifié et en sécurité, à l’occasion de sa fête, le fait avec l’intention d’être bienveillant selon le verset coranique et selon les règles du vivre ensemble. Et son intention s’arrête là, sans penser à ce que ce concitoyen non musulman va faire librement dans sa fête. Comme le hadith prophétique l’a souligné (ci-dessus) :

« Les actions ne valent que selon les intentions » (Bukhari et Muslim).

Au lieu de tenir ce discours, certains lui disent qu’il a commis un péché aussi grave que la consommation du vin, l’adultère, et l’associationnisme ! Et qu’il est maudit par Dieu et frappé de sa colère ! Ô combien le décalage est grand avec le contexte actuel ! Depuis quand le musulman est responsable des actes des autres ? Qu’ils soient musulmans ou non musulmans ! Dieu n’a-t-il pas dit :

« Personne ne portera le fardeau (la responsabilité) d’autrui » (C6-V164) ?

Ce verset ne stipule-t-il pas clairement que personne n’est responsable des actes d’une autre créature ?

On est actuellement dans une société, où on vit ensemble avec des concitoyens non musulmans, qu’on voit tous les jours. A-t-on le droit de leur souhaiter une bonne journée chaque matin ? Ou bien cela est-il encore interdit ! Rappelons les propos soutenant l’idée que souhaiter une bonne fête à un non musulman, revient à lui souhaiter de boire le vin ou de se prosterner devant le crucifix pendant sa fête. Par analogie donc, dire : « Bonjour ! » à un non musulman, reviendrait à lui souhaiter une bonne journée où il pourrait éventuellement commettre l’adultère ou consommer le vin. Par contrecoup, si l’on suit le raisonnement précédent, dire « Bonjour ! » serait interdit, et nous apporterait la malédiction et la colère divine ! Mais qu’en est-il lorsqu’un non musulman par politesse nous devance, nous tend la main et nous dit : « Bonjour ! », que devons-nous faire ? Le regarder sans répondre en serrant les lèvres les unes contre les autres, en restant muet et la main dans la poche ! Avec cette vision on fera des musulmans des êtres impolis et infréquentables voire des malades mentaux !

Regardons maintenant ce que Dieu nous a dit à propos des salutations :

« Si on vous fait une salutation, saluez d’une façon meilleure, ou bien rendez-la (tout simplement). Certes, Dieu tient compte de tout » (C4–V86). 

Alors Dieu ordonne, tout simplement et conformément à la beauté de la religion musulmane, de répondre aux salutations venant de la part de toute personne musulmane ou non. Du coup, on peut saluer les non musulmans ou bien leur répondre. Et cela est une adoration et une obéissance à Dieu en islam.

Maintenant, essayons d’élargir notre perspective encore davantage ! Au début d’une nouvelle année du calendrier grégorien, avons-nous le droit de souhaiter une bonne année aux non musulmans qu’on connaît ? Avons-nous le droit de leur répondre quand ils nous la souhaitent ? Cela n’est-il pas interdit ? Bien sûr, selon le raisonnement précédent, souhaiter une bonne année aux autres revient à accorder sa bénédiction sur l’ensemble des péchés qu’ils viendront à commettre toute l’année durant ! Heureusement dans le précédent verset coranique, Dieu a autorisé le musulman à saluer les autres. Si dire « Bonjour ! » est autorisé en islam, pourquoi le fait de souhaiter « Bonne année ! » serait-il interdit, alors que l’année n’est qu’un nombre de jours ? Dire « Bonne année ! » ne revient-il pas à dire « Bonjour ! » 365 fois ? Or, le verset coranique n’a-t-il pas autorisé toute salutation, « Bonjour ! » inclus ! Par conséquent, souhaiter une bonne année au non musulman ne pose aucun problème d’après le Coran.

Maintenant poursuivons notre démarche de distanciation encore davantage ! Avons-nous le droit de dire « Bonjour ! » à un non musulman, qu’on connaît, le jour de sa fête ? Ou bien cela revient-il à lui donner son agrément par rapport aux péchés qu’il commettra selon le précédent raisonnement ! Nous avons vu que Dieu nous a autorisés à dire la salutation « Bonjour ! » chaque jour. Donc nous pouvons la dire au non musulman le jour de sa fête ! Mais quelle est la différence entre « Bonjour ! » prononcé le jour de la fête et « Bonne fête ! » ? Les deux, ne sont-ils pas équivalents ? Dire à quelqu’un « Bonjour ! » le jour de sa fête, ne revient-il pas à lui souhaiter une bonne journée, qui coïncide avec le jour de sa fête ? Ce qui revient, autrement dit, à lui souhaiter « Bonne fête ! » ! Cela signifie que le Coran qui nous autorise de dire « Bonjour ! », nous autorise aussi à dire « Bonne fête ! » comme il nous autorise à dire « Bonne année ! », sans que cela ne soit un grand péché pour lequel on serait maudit par Dieu ou frappé de Sa colère.

Avant de conclure, il est bon de rappeler que Dieu a autorisé dans le chapitre 5, verset 5, aux musulmans de se marier avec les femmes vertueuses non musulmanes parmi les gens du Livre, les juives ou les chrétiennes. Et cela, malgré l’omniscience de Dieu qui savait que les femmes chrétiennes célèbrent et célébreront Noël ainsi que les autres fêtes chrétiennes, de même que les femmes juives célèbrent et célébreront leurs fêtes religieuses. Or nous savons que le mariage est basé sur le bon comportement conformément à ce verset coranique adressé aux musulmans :

« Et comportez-vous envers elles selon la bonne coutume ! » (C4-V19).

Un tel mari musulman ne doit-il pas féliciter sa femme non musulmane le jour de sa fête ? Ne doit-il pas féliciter de même ses beaux-parents à cette occasion ? Ne doit-il pas offrir un cadeau à sa femme en ce jour ? Ne doit-il pas manger avec elle le repas de la fête ?

Mais essayons de pousser notre réflexion encore plus loin ! Si d’après les précédents versets coraniques, le mari musulman a le droit d’assister à la fête non musulmane de sa femme et de sa belle-famille car c’est Dieu qui l’a lié à eux par un mariage autorisé en islam, pourquoi l’enfant converti à l’islam n’aurait-il pas le droit lui aussi à la même faveur divine pour assister à la fête de ses parents ou de ses proches alors que c’est Dieu même qui l’a lié à eux par les liens de la parenté ? Dieu étant juste, Il a sûrement accordé la même faveur à l’enfant quand Il lui a ordonné de maintenir les liens de la parenté (vus ci-dessus).

 

Conclusion :

D’après l’étude des textes coraniques et prophétiques, d’après la discussion des arguments de ceux qui interdisent de participer aux fêtes des non musulmans ou de les féliciter à cette occasion, d’après les principes de l’islam que sont l’amour, la bonté, la miséricorde, la fraternité, la liberté, et la douceur, et d’après le juste milieu islamique, nous pouvons dire que :

« Le musulman ne doit pas célébrer les fêtes religieuses non musulmanes. Cependant, le converti à l’islam a le droit de participer – selon les conditions vues ci-dessus – aux repas familiaux de ses proches non musulmans ». 

De même, d’après les précédents principes de l’islam, d’après les avis de grands savants contemporains comme cheikh Mostapha Az-Zarqa et cheikh Youssouf Al Qardawi et d’après de célèbres organismes religieux comme la Maison Egyptienne de la Fatwa ainsi que le Conseil Européen de la fatwa et de la Recherche, nous pouvons affirmer la chose suivante : « Le musulman peut féliciter les non musulmans, qu’il connaît, lors de leurs fêtes religieuses ».

 

 

Mohamed NAJAH

Docteur en Sciences Physiques 

Vice-président du Conseil Théologique Musulman de France (CTMF)

Fondateur de l’Institut Najah en Ligne des Sciences Islamiques

Enseignant des Sciences Théologiques à l’Institut Attabari (Corbeil-Essonnes)

Khatib en France depuis 1987

 

 

 

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