J’ai une déviation de la cloison nasale. Puis-je recourir à la chirurgie esthétique?

Salam alaykoum,

J’ai eu une opération du nez pour corriger ma déviation de ma cloison nasale. Cependant maintenant c’est un peu de travers ( ils font cette opération avec un silicone qui s’est décalé) et je souhaiterais que cela se fasse corriger. Refaire cette opération est ce haram?

Réponse :

Salam alaykoum,

Si l’état actuel ne vous plaît pas et constitue pour vous une gêne ou un complexe, l’islam est venu pour enlever toute gêne comme le dit le verset coranique : « Il n’a mis dans la religion aucune gêne pour vous » (C22-V78).
Donc vous avez le droit de recourir à une deuxième opération. N’oublions pas qu’Allah a crée l’être humain selon une parfaite harmonie (C95-V4). Ce qui implique qu’en cas de malformation de naissance, la personne peut la corriger dans un but d’avoir un aspect harmonieux conforme à la volonté divine pour Ses créatures.
D’ailleurs le Prophète (SSSL) a bien autorisé un homme qui avait perdu son nez lors d’une guerre de porter un autre en or (rapporté par At-Tirmidhi et par d’autres).
On trouve parfois des gens avec des malformations de naissance : une dissymétrie visible et gênante, un organe disproportionné par rapport à la normale, un organe supplémentaire comme un sixième doigt par exemple, des jumeaux siamois, etc. où le recours à la chirurgie est possible ou même nécessaire.
De même, parfois l’opération s’impose dans le cas d’une nécessité médicale. Comme par exemple dans le cas où un organe devient menacé si on ne modifie pas la forme d’un autre qui a pris de l’ampleur avec le temps ou suite à de multiples grossesses, etc.
On peut aussi parler des cas où il devient nécessaire de recourir à la chirurgie esthétique après un accident ou un incendie, suite auquel le corps ou le visage devient dénaturé.
Tout en sachant qu’il ne faut pas aller vers l’excès dans ce domaine.
N’oublions pas ce que Chaytan avait dit à Dieu : « « Je les égarerai, je leur inspirerai de vains espoirs, je les inciterai à fendre les oreilles du bétail et je leur ordonnerai d’altérer la Création du Seigneur. » Quiconque prendra Satan pour maître à la place de Dieu est voué à une perte certaine » (C4-V119).
Donc entre l’autorisation complète et l’interdiction totale, se trouve un juste milieu qui autorise la chirurgie pour la malformation de naissance ou le changement survenu avec le temps ou suite à un accident.
Bien sûr, en dehors des cas précités la chirurgie reste interdite vu le verset coranique, ci-dessus, surtout si l’unique motif est le fait de chercher plus de beauté.
On trouve dans ce sens un hadith prophétique qui maudit celles qui font certains actes (comme le tatouage, l’épilation des sourcils ou la création d’un petit espace entre les dents) dans un but de beauté supplémentaire et qui altèrent par là la création de Dieu (Bukhari et Muslim). L’imam An-Nawawi a compris de ce hadith que celle qui fait un tel acte par besoin de de soin médical ou de correction d’une malformation, sans volonté de chercher la beauté supplémentaire, n’est pas concernée par la malédiction prophétique. Et qu’un tel acte est autorisé.
En tout cas, l’essentiel n’est pas la beauté du corps, mais plutôt celle de l’esprit qui l’anime. Personne de nous n’est responsable de son corps. Car on ne l’a pas crée nous-mêmes pour subir des critiques. Mais c’est l’œuvre du Créateur. Critiquer la création revient à critiquer Dieu même.
Par contre, nous sommes responsables de notre comportement. D’où la nécessité d’atteindre l’excellence dans ce domaine. D’ailleurs un hadith dit : « Dieu ne regarde ni vos visages ni vos corps, mais Il regarde vos cœurs » (Muslim).
Tout cela pousse le musulman à ne pas tomber malade du regard de l’autre. Il faut être fier de ce que Dieu a voulu pour nous comme corps, et agréer la volonté divine. Toutefois en cas de malformation, la correction reste autorisée.

Cordialement,
Mohamed Najah