Question :
Si on entre dans l’heure de prière alors que l’on est dans le train ou le bus…. est-ce qu’on peut faire la prière assis dans le train ou le bus, sachant que si on attend jusqu’à l’arrivée au domicile, l’heure de la prière sera déjà passée ?
Réponse :
Le musulman doit accomplir sa prière dans son créneau horaire fixé par le Messager de Dieu (SSSL). Aucune excuse (même la maladie incluse) ne l’autorise à retarder la prière en dehors de sa plage horaire. Pour le rappel, Dieu dit dans un verset coranique : » Malheur aux prieurs, qui se laissent distraire de leurs prières » (C107-V4/5).
Cependant, si un musulman se trouvant à notre époque dans un moyen de transport (un avion, un train, un bus, …) et qu’il remarque l’entrée du créneau horaire d’une prière, comme le Fajr par exemple, tout en sachant qu’au lever du soleil le voyage ne sera pas terminé et que la prière ne sera pas faite, il doit nécessairement accomplir sa prière pendant son voyage selon ce que le contexte lui permet. Il lui est recommandé de se diriger vers la qibla au minimum au début de sa prière. Il est possible de la continuer loin de la qibla vu la contrainte du moyen de voyage qui ne se dirige pas nécessairement dans la direction de la Mecque. De même, il lui est recommandé de faire la prière avec toutes ses positions (debout, inclinaison (rekou3) et prosternation (sejoud)). Mais si le contexte empêche le musulman de faire correctement les recommandations de la prière, il fait son possible pour accomplir ce qu’il peut faire selon les contraintes. Notons que le Prophète (SSSL) nous dit : » Si je vous ordonne une chose, faites-en ce que vous en pouvez » (Bukhari et Muslim). Dans ces conditions, le musulman peut faire la prière dans une position assise en remplaçant l’inclinaison (rekou3) et la prosternation (sejoud) par des gestes en se baissant pour les deux. Mais à condition de se baisser un peu plus dans le sejoud que dans le rekou3. Bien sûr, en faisant le geste remplaçant le sejoud, il ne doit pas descendre jusqu’à toucher ses cuisses par son ventre.
Rappelons que le Prophète (SSSL), lors d’un voyage, dans un jour où il pleuvait avec un sol mouillé, a dirigé la prière sur sa monture en faisant des gestes où son sejoud était plus bas que son rekou3. Ce hadith est rapporté sur Ya3la fils de Morrah (QDLA) par Ahmed, Tirmidhi, Annassaï, Addaraqotni. Par contre, au niveau de son authenticité, il y a eu une divergence. AbdulHaqq l’a authentifié, Annawawi l’a qualifié de hassan (bon) et AlBayhaqi l’a affaibli.
Ce hadith peut être renforcé par l’acte du compagnon Anas fils de Malik (QDLA) qui priait sur sa monture en présence d’eau et de boue (Tirmidhi). Par ailleurs, l’imam Ahmed fils de Hanbal affirme qu’en pratique les gens de la science ont suivi cela.
Pour finir, les savants des écoles ont autorisé la prière obligatoire sur une monture dans certaines conditions pour ne pas retarder une prière par rapport à son créneau horaire. Parmi ces conditions, nous trouvons, par exemple, la présence de boue ou d’eau, la maladie empêchant de descendre ou la peur à cause de l’insécurité.
Cependant, ils ont divergé à propos du rattrapage de cette prière obligatoire faite sur une monture. Les Chafiîtes exigent sa récupération (car elle est incomplète). Alors que les autres pensent que l’obligation ne se fait qu’une seule fois.
A notre époque, je pense que la contrainte d’être dans un moyen de transport lors d’un voyage qui dure pendant tout le créneau horaire d’une prière justifie de prier avec des gestes remplaçant les positions obligatoires (debout, rekou3 et sejoud). Chacun se doit de faire ce que son contexte lui permet de faire pour se rapprocher le plus de la forme normale de la prière.
Cela est demandé même si le musulman se trouve au milieu de voyageurs non musulmans. La discrétion lors de sa prière avec des gestes ne sera même pas remarquée par eux.
En ce qui concerne la récupération de cette prière, nous remarquons que le hadith n’a pas cité que le Prophète (SSSL) a refait sa prière obligatoire accomplie sur une monture à cause de la boue. Et nous avons vu la divergence entre les savants à propos de cet acte. Je pense qu’on peut suivre un chemin de juste milieu entre les deux courants en disant qu’il est agréable, par prudence, de la rattraper sans faire de cela une obligation (l’agréable est inférieur à l’obligatoire).
Remarque : la prière surérogatoire est autorisée sur la monture sans aucun problème.
Que Dieu agrée nos prières !
Dr. Mohamed Najah