Suis-je reconnu comme le père de mon enfant né d’une union interdite ?

Salam alaykoum,

Je vivais avec une femme dans un cadre illégal et avons eu un enfant suite à cette union interdite.

Ai-je le droit en cas de mariage avec cette femme d’affilier cet enfant à moi ?

Réponse :

Salam alaykoum,

Il y a une divergence des savants autour de ce point :

– la majorité interdit le fait de relier l’enfant, venu d’une union interdite (la fornication), à son père. Car c’est un enfant illégitime. Leur argument est le hadith prophétique : « L’enfant appartient au lit et le pervers (le fornicateur) n’a que le hajar » (Bukhari et Muslim). Le lit signifie ici le mariage. Par contre, le hajar certains l’ont expliqué par la pierre (la punition) et d’autres par la privation. Le sens du hadith, c’est que l’enfant venant de la fornication est relié à sa mère, et ne se relie pas à son père biologique. Ce dernier est privé de la parenté car la seule manière pour s’attribuer un enfant est le mariage.

Du coup, selon la majorité l’enfant issu de la fornication ne peut pas être affilié au fornicateur. Par contre, il est affilié à la fornicatrice. Cela est conforme au hadith. Puis cela représente une dissuasion qui limite la fornication dans la société.

– Une minorité, parmi laquelle nous trouvons Al Hassan Al Basri, l’un des avis de Abou Hanifah, Ibno Taymiyyah et Ibno Al Qayyim,  dit que si le père reconnaît et relie un enfant issu de la fornication, celui-ci devient le sien, à condition que sa mère n’ait pas connu d’autres hommes, en dehors de lui.

Parmi les arguments de cet avis, c’est que Omar (QDLA) a relié des enfants,  nés dans la période pré-islamique, à ceux qui ont prétendu, dans la période musulmane, qu’ils étaient leurs pères (Malik). Certains ont dit que Omar (QDLA) l’avait fait même pour les enfants adultérins de la période pré-islamique.

Bien sûr, la majorité dit que cela reste valable uniquement pour les enfants nés dans la période pré-islamique où la loi musulmane était absente. Par contre, en islam, l’adultère est interdit et n’est pas un facteur d’affiliation.

Cependant, la minorité dit qu’il n’y a pas une différence entre la période pré-islamique et et celle qui est musulmane. Le seul facteur pour affilier un enfant à un homme, c’est qu’il soit véritablement issu de lui. Puis selon la minorité, il n’y a pas un argument en islam qui va à l’encontre de ce principe :

– Le hadith qui dit que le fornicateur n’a que le hajar se limite seulement au cas où il y a un lit (un mariage). Si une femme mariée,  a un enfant, et si un homme étranger prétend que c’est bien son enfant issu de la fornication, il sera privé et l’enfant sera affilié au lit (mariage). Ce qui signifie qu’il sera affilié à sa mère et à son mari en privant le fornicateur.

Par contre, si la femme n’est pas mariée (absence de lit), le hadith n’est plus valable. Du coup, l’enfant est affilié à la fornicatrice et au fornicateur. Car il n’y a pas un mari qui dirait que c’est son enfant à lui.

Et comme la femme et l’homme reconnaissent qu’il est issu de leur union (par la fornication), il devient donc leur enfant vu que rien n’interdit clairement cette affiliation en islam. L’essentiel c’est d’établir un lignage et que l’enfant reconnaisse ses véritables parents.

Puis l’islam est pour l’égalité. Comment est-il possible d’affilier islamiquement un enfant à sa mère,  malgré que c’est une fornicatrice, et de priver en même temps le fornicateur d’être son père ? Alors que les deux ont commis le même péché !

– Dans un hadith prophétique, un grand adorateur (Jorayge) fut accusé d’adultère par une femme, puis il s’adressa au nouveau né : « Qui est ton père ? ». Le bébé répondit : « Le berger ». (Bukhari et Muslim). Si l’affiliation ne se réalisait pas par la fornication, ce nouveau né, parlant d’une manière miraculeuse, ne dirait pas à un fornicateur qu’il est son père. Dieu n’aurait pas autorisé cette parole et le Prophète (SSSL) ne l’aurait pas rapportée. Ce qui signifie que l’adultère ne prive pas le père de l’affiliation.

Au final, selon la minorité si un père reconnaît un enfant issu de l’adultère avec une femme, qui n’est pas mariée, celui-ci devient l’enfant des deux.

Je trouve que dans la société contemporaine d’aujourd’hui, où la fornication est devenue malheureusement très répandue et dans le cas où les deux fornicateurs regrettent par la suite et veulent corriger l’erreur par le repentir et le mariage, le fait d’affilier l’enfant à son père biologique qui le reconnaît est une bonne chose. Car cette affiliation réduit le nombre d’adultérins dans la société et leur offre une famille, une stabilité et une protection. Surtout que l’enfant adultérin n’a commis aucun crime et n’est pour rien dans ce qui s’est passé avant sa naissance.

Je pourrai aussi dire que l’avis de la majorité était convenable à l’aube de l’islam où la fornication était très rare et qu’il fallait protéger la société de ce fléau. Par contre, à notre époque l’avis minoritaire est devenu plus convenable car il protège les nombreux enfants adultérins et leur offre des droits. De même, cet avis minoritaire arrangerait les convertis à l’islam qui, avant leurs conversions, auraient eu des enfants en dehors du cadre légal du mariage. D’après cet avis, ils ont le droit de les considérer comme enfants légitimes et de ne pas se séparer d’eux, conformément à l’avis de Omar (QDLA).

Seulement, si un homme commet le péché majeur (la fornication) avec une femme, il leur est recommandé de faire un regret profond, un repentir sincère, de se marier ensemble, de bien prendre soin de l’enfant innocent et surtout de bien garder le secret de ce qui s’est passé entre eux, dans un but d’abord de préserver leur honneur et de protéger d’autres de faire comme eux. Puis de bien adorer Dieu et de verser des larmes entre Ses mains dans l’espoir d’obtenir Son pardon.

PS : il ne faut pas comprendre de cette réponse que la fornication est à banaliser. Au contraire l’adultère fait partie des péchés majeurs en islam. Dieu et Son Messager (SSSL) ont promis les plus grands châtiments pour les fornicateurs.

Donc si quelqu’un, qui n’a pas encore commis l’adultère, et s’interroge sur son statut, la réponse sera qu’il est strictement interdit.

Mais si un autre, a déjà commis l’adultère , a eu un enfant en dehors du mariage et qui regrette son acte, s’interroge sur le statut de son enfant la réponse sera celle donnée ci-dessus.

Tout en sachant, qu’en islam Dieu demande à Ses serviteurs repentis avec sincérité de ne pas désespérer de Sa miséricorde car Il pardonne tous les péchés.

Fraternellement,

Mohamed Najah