Question : Doit-on suivre le calcul scientifique pour déterminer le début du mois de Ramadan ou bien la vision oculaire du nouveau croissant lunaire ?
La vision oculaire n’est qu’un moyen
Je suis convaincu à 100% du suivi des calculs scientifiques.
La question qui se pose est la suivante : « La vision oculaire est-elle une fin en soi ? Est-elle une adoration en islam ? Ou est-elle un moyen ? ». La réponse est que la vision n’est pas une adoration ou une fin mais plutôt un moyen, pour connaître le début du mois. Or un moyen peut-être remplacé par un autre, lorsqu’il est plus fiable, plus facile et lorsqu’il offre, longtemps à l’avance, les dates du début et de la fin du mois de Ramadan. Au lieu de s’en tenir à un moyen qui nécessite d’attendre la veille avec son lot d’incertitudes et d’erreurs.
Le calcul scientifique est fiable
Autrefois, les musulmans connaissaient les horaires de la prière par la vision oculaire du soleil comme au temps du Prophète (SSSL). Mais dès qu’ils ont pu calculer ces horaires par la science, heureusement pour nous, ils ont remplacé à l’unanimité, le premier moyen de vision par un autre.
Aujourd’hui, les musulmans de France doivent à nouveau opter pour la précision afin de définir le début du mois de Ramadan car la science astronomique est devenue très fiable, par rapport au passé où elle n’était qu’approximative.
Un sujet à divergence en France
N’oublions pas que le CFCM a opté en 2013 à l’unanimité pour le moyen du calcul scientifique et a donné quelques mois à l’avance les dates du début et de la fin du Ramadan. Mais il a fait marche arrière à la veille du Ramadan car une partie de la communauté, suivant le sens littéral des textes, a refusé de suivre le calcul en créant des problèmes au sein des mosquées.
Cet événement était l’une des raisons, parmi d’autres, qui a donné naissance au Conseil Théologique Musulman de France (CTMF). Ce dernier n’a pas cessé d’appeler les musulmans à adopter le moyen contemporain du calcul scientifique et à leur fournir des arguments afin que la transition soit acceptée par une majorité.
Ce jour viendra avec le temps incha Allah. Notons qu’en mai 2016 un congrès international de juristes et de scientifiques s’est tenu à Istanbul et a pris à la majorité la décision d’appeler les musulmans du monde à suivre le calendrier universel défini par les calculs astronomiques.
Le respect de la divergence
Au final, ce sujet est sensible car certains musulmans refusent tout changement en souhaitant vivre comme à l’aube de l’islam, alors même qu’ils ont intégré le changement dans de nombreux domaines. Le Coran par exemple se retrouve aujourd’hui au sein de beaux livres, voire sur des applications, alors que le Prophète (SSSL) demandait à ses compagnons de l’écrire sur des os, du bois ou du tissu. Les musulmans, au premier siècle, ont rapidement changé la méthode prophétique et l’ont écrit sur un livre. Car ils ont compris que l’écriture sur l’os ou le morceau de bois n’était pas une adoration ou une fin mais plutôt un moyen. Ce dernier devait bien être changé par un autre qui était meilleur que le premier. Les exemples, de ce type, sont très nombreux.
On peut ne pas être d’accord, sur ce point ou sur d’autres, mais cela n’autorise pas une partie à insulter une autre ou à la traiter de perversité, voire de mécréance. Ce genre de comportement montre l’ignorance des gens qui ne supportent aucune contradiction. En fait, ils ignorent la Divergence qui a existé au sein des musulmans depuis, le vivant du Prophète (SSSL) même jusqu’à nos jours, sans que celle-ci ne devienne un moyen de haine, d’insulte ou de moquerie. Cette divergence est voulue par Dieu qui nous a donnés des raisons, sachant que celles-ci ne raisonnent pas de la même manière. La divergence est naturelle, elle est même voulue par Dieu, alors qu’insulter ses frères est haram en islam.
Fraternellement,
M. Najah
Vice-président du CTMF
Fondateur de l’institut Najah, cours de sciences islamiques en ligne.
(Pour plus d’arguments sur ce sujet, lisez l’article du Cheikh qui a été publié par Oumma.com)